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Maman

Infections vaginales et syndrome du choc toxique


Aujourd'hui, j'aimerais vous parler d'une infection rare (20 cas recensés par an d'origine menstruelle en France) mais potentiellement grave : le syndrome du choc toxique. Mathilde @rockmycasbah a voulu témoigner parce que début décembre 2019 il lui est arrivé quelque chose de similaire. Le diagnostic n'a jamais été posé dans son cas (pas faute d'avoir voulu consulter) et elle s'est retrouvée assez seule avec ses interrogations . Merci à elle pour son témoignage.



Photo : Yasmine @bonjourlasmala

Culotte menstruelle : @pourprees






1/ Peux tu te présenter ?


Je m’appelle Mathilde, j’ai 34 ans, et je suis la maman d’un petit kiwi bouclé de 2 ans !

2/ Qd as tu consulté pour la 1ere fois un gynécologue/sage-femme ? Pourquoi ?


J’avais 16 ans, j’y suis allée pour un contrôle et repartie avec la pilule. J’en garde un très mauvais souvenir car j’étais littéralement tombée dans les pommes après l’examen. 3/ As tu un suivi gynécologique régulier ?

Oui tous les ans depuis mon premier rdv. Depuis mon accouchement je suis suivie par une sage-femme, plus disponible que mon gynécologue qui consulte en maternité. 4/ As tu modifié ta contraception après ton accouchement ? Si oui pourquoi ?

J’ai pris la pilule pendant une dizaine d’années de façon plus ou moins régulière. A 27 ans après un long vol et un changement de pilule pour une pilule de 3ème génération, j’ai fait une phlébite. Depuis je n’ai plus le droit aux hormones et je ne m’en porte pas plus mal. J’ai appris à connaître mes cycles et le préservatif est notre meilleur ami lors des périodes critiques ! 5/ Quelle protection menstruelle utilisais tu ?

J’utilisais une cup depuis plusieurs années car je n’aime pas les protections externes.

6/ Tu as été victime d'une infection vaginale à streptocoques A. Peux tu nous expliquer comment ça s est passé ?

Une nuit alors que j’avais mes règles je me réveille avec l’envie soudaine de vomir. Je me recouche pensant vivre un épisode de gastro-entérite. Le lendemain je m’aperçois que j’avais oublié ma cup pendant près de 24h ... Je ressens très rapidement des démangeaisons à l’entrée du vagin. J’appelle ma sage-femme à qui je raconte l’oubli et les symptômes. Elle pense que j’ai une mycose due à la prolifération de bactéries suite à ma gastro. Elle me prescrit quand même un antibiotique et m’encourage à le prendre si et seulement si j’ai de la fièvre ou des douleurs dans le bas ventre. Je prends mon traitement anti fongique mais le lendemain je me sens épuisée et j’ai des crampes dans le bas ventre. Sur ordre de ma maman je prends les antibiotiques et je me sens immédiatement mieux. 15 jours plus tard, je ressens les mêmes démangeaisons, je contacte ma sage-femme qui me renvoie une ordonnance pour une mycose sans m’examiner ... malheureusement les symptômes s’intensifient, ma vulve est douloureuse, enflée et j’ai des pertes jaunes très très abondantes. Je ne peux même plus marcher .... J’ai également un bouton purulent sur la cuisse que je ne parviens pas à soigner. Malgré ces symptômes ma sage-femme ne daigne toujours pas me recevoir et me renvoie un traitement anti fongique. Quant à mon généraliste il ne s’inquiète pas plus que ça  ... Je finis par me rendre en laboratoire pour un prélèvement. Les résultats tombent 5 jours plus tard, j’ai une infection aux streptocoques A et B. Le médecin me prescrit un antibiotique et me conseille d’arrêter la cup. 8/ Après cette infection,  quel est ton suivi ?

J’attends de pouvoir voir ma gynécologue prochainement (son planning est full et je ne suis plus en situation d’urgence) pour faire un point. J’ai été très mal accompagnée et conseillée, je me suis rendue compte que les soignants en cabinets étaient très peu confrontés à ce type de pathologie et que comme je n’avais pas de fièvre je n’étais pas crédible ... J’ai le sentiment qu’il faut cocher toutes les cases des symptômes classiques pour être entendue. Je pense que c’est à cause de ce type de comportements qu’on entend parler de nanas qui meurent du syndrome du choc toxique. Il est nécessaire d’en parler car le diagnostic est toujours mal posé en raison d’une méconnaissance de la part des professionnels de santé.


Merci à elle.


Je vais rebondir sur ce qui est évoqué ici. Mathilde n'a pas trouvé une écoute suffisante pour faire le diagnostic de son infection. Pour cela, une consultation avec un interrogatoire et un examen aurait été nécessaire pour diagnostiquer sa vulvo-vaginite bactérienne à Streptococque A et B et donc une meilleure prise en charge.

Le streptocoque A se transmet exclusivement d'homme à homme et il est responsable d’infections fréquentes bénignes et non invasives, telles que l’angine mais aussi d’infections invasives graves : bactériémies, infections cutanées nécrosantes... qui peuvent être associées à un syndrome de choc toxique streptococcique.

Le streptocoque du groupe B, a pour réservoir essentiel le tube digestif à partir duquel se fait la colonisation des voies génitales, souvent intermittente.




Le Syndrome du Choc Toxique à Staphylocoque.


Cette infection est dûe à une bactérie : le staphylocoque doré.

Staphylococcus aureus est une bactérie qui fait partie de la flore normale humaine mais qui peut également devenir une des principales causes d’infection. La virulence de cette bactérie est liée à la production de substances telles que la toxine du choc toxique staphylococcique (TSST-1). Le choc toxique staphylococcique est une maladie aigue grave pouvant survenir au cours des règles lors d’utilisation de dispositifs vaginaux (tampons, coupes menstruelles) chez des patientes souvent jeunes, en bonne santé et porteuses de la bactérie S. aureus productrice de TSST-1 au niveau vaginal. Toutes les patientes porteuses de Staphylococcus aureus produisant TSST-1 ne développent pas un choc toxique. Ceci suggère que d’autres facteurs interviennent.


Le professeur Gérard Lina et son équipe ont démontré que les tampons et les coupes menstruelles pouvaient servir de milieu de culture à ces bactéries. En gros, elles s'y sentent plutôt pas mal et donc prolifèrent. (article ici). Ce qui est en cause dans le développement de la bactérie, ce sont : la structure du tampon et la densité des fibres : quand la structure des tampons est altérée, S. aureus se multiplie plus rapidement et produit davantage de toxine. La durée d’utilisation est aussi impliquée. Et la coupe menstruelle est aussi mise en cause et pourrait même favorisée davantage que les tampons la prolifération de la bactérie (en effet pour se développer a bactérie a besoin d'oxygène qui est plus apporté par la cup).


Les symptômes du choc toxique : - syndrome grippal (fièvre/frissons,malaise)

- syndrome digestif (vomissements, diarrhées)

- éruption cutanée rouge


Le risque de SCT est augmenté non pas selon le dispositif choisi mais selon l'USAGE qu'il en est fait.


Les précautions à prendre : se changer régulièrement ( pas plus de 4h de protection d'affilée), se laver les mains avant de se changer, utiliser un tampon avec un pouvoir absorbant minimal nécessaire à vos besoins, ne pas utiliser des tampons altérés, stériliser la coupe entre 2 utilisations (ce qui veut dire avoir tjs 2 coupes menstruelles, car un biofilm de bactéries important reste collé à la coupe après utilisation).


Le professeur Lina doit sortir les résultats d'une autre étude prochainement sur l'impact du microbiote vaginal sur le syndrome du choc toxique.






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